Je n'ai pas assez de lait : Comment favoriser ma lactation ?

Je n'ai pas assez de lait : Comment favoriser ma lactation ?

Comment favoriser ma lactation est une question fréquente que se pose la mère allaitante. Les solutions vont de l’adoption de comportements appropriés à l'utilisation de galactagogues : des aliments censés stimuler la production de lait. Bien que les galactagogues ne constituent pas la solution la plus efficace, ils peuvent toutefois aider certaines femmes dans leur allaitement. Passons en revue les techniques qui marchent et les options les plus utiles.

Quelles sont les causes d’une production de lait insuffisante ?

Plusieurs facteurs peuvent influencer la production de lait chez une mère. Lorsqu'un bébé naît prématurément ou peu avant terme, il n’a pas toujours la vigueur suffisante pour téter efficacement.

Une des solutions brandie pour l’aider à s’accrocher au sein est d’ailleurs de placer sur le sein un bout de sein en silicone qui encourage le bébé à téter. On oublie cependant que le recours à cet outil devrait s’accompagner d’une plus grande vigilance. Le bout de sein fait écran et certains nourrissons prélèvent en effet jusqu’à 50% de lait en moins que s’ils tétaient sans lui.

Dès que l’on s’aperçoit que la prise de poids de son bébé est lente et modérée, il est pertinent de tirer son lait 3 ou 4 fois / jour pendant le premier mois, pour s’assurer que la lactation s’installe de manière optimale.

Quand l’offre ne correspond plus à la demande

Un autre paramètre qui peut nuire à la mise en place et au maintien d’une bonne sécrétion lactée est la méconnaissance des rythmes du nourrisson. Les tétées à heures fixes, peu fréquentes, avec un intervalle imposé de 2 à 3 heures, ne conviennent pas toujours aux besoins de lait du nourrisson et ne stimulent pas suffisamment les seins de la maman.

On se réjouit d'ailleurs souvent d’avoir un bébé sage, qui fait ses nuits, qui tète et s’endort très vite, que l’on peut alors poser facilement dans son berceau, parfois même avec une tétine qu’il suce paisiblement. Si ce rythme recherché est bien adapté à certains nourrissons, ce n’est pas le cas pour la majorité d’entre eux. On a du mal à comprendre le bébé, on se réjouit de le voir dormir calmement sans se douter qu’il ne se nourrit pas suffisamment et se met finalement en économie d’énergie.

En cas d’insuffisance de prise de poids avérée, il est bon de rechercher quelques causes comme, par exemple, le fait que l’enfant dorme toute la nuit ou dans une chambre séparée de ses parents, suce son pouce ou une tétine.

Certains parents peuvent essayer d'établir un rythme de tétées similaire à celui d'un biberon (toutes les 3-4 heures) dans l'espoir d'instaurer une certaine régularité. Cependant, il est important de noter que cette approche est souvent contreproductive, car chaque bébé a ses propres besoins et ne doit pas être contraint à téter à heures fixes.

En outre, des maladresses peuvent parfois survenir lors de l'introduction des aliments solides, comme offrir des aliments solides avant les repas du bébé (tétée au sein ou biberon de lait maternel). À partir du moment où la diversification alimentaire débute, il est essentiel de continuer de donner de la valeur aux apports lactés c'est-à-dire les tétées ou le lait tiré. En effet, les premiers aliments de diversification tels que les légumes et les fruits sont moins riches en calories.

Un certain nombre d’événements peuvent potentiellement contrarier la production de lait d’une mère, sans pour autant l’amener à renoncer à l’allaitement si elle ne le souhaite pas. Citons notamment un voyage, la reprise du travail, la survenue d'une nouvelle grossesse,...

Le rythme des tétées ne correspond pas à vos attentes

Parmi les motifs d’inquiétude légitime des mères allaitantes figure le nombre de tétées. On a tendance à s’imaginer qu’un bébé tète 8 fois par jour, soit toutes les 3 heures. Ce chiffre ne correspond pas à la réalité des rythmes des bébés allaités à la demande, rythmes qui sont, par définition, aléatoires.

Pour illustrer cette observation, l’OMS rappelle dans une grande étude qui fait référence qu’on observe en moyenne :

  • À 3 mois : 10 tétées/24h
  • À 6 mois : 9 tétées/24h
  • À 9 mois : 7 tétées/24h
  • À 12 mois : 5 tétées/24h + aliments solides

Comment favoriser ma lactation naturellement ? Voici quelques méthodes qui peuvent aider à améliorer votre production de lait maternel. Assurez-vous d'être installée confortablement avec votre bébé. Cette proximité va ainsi libérer des hormones essentielles telles que la prolactine et l'ocytocine. Ces hormones favorisent la production de lait et facilitent son éjection.

Répondre spontanément à la demande de votre bébé peut également renforcer cette connexion et stimuler la production de lait.

Vous pouvez alors pratiquer la technique de compression mammaire qui consiste à exercer une pression ferme et indolore sur le sein pendant la tétée. Cela augmente la quantité de lait disponible pour votre bébé.

Favorisez également une fréquence de tétées soutenue et, à défaut, compensez par des tirages réguliers. Plus votre corps est stimulé, plus il est encouragé à produire du lait en quantité suffisante.

Les mères constatent que ces méthodes simples sont souvent suffisantes pour améliorer leur production de lait.

Lire aussi notre article : Comment stimuler la lactation grâce à 7 clés.

Cependant, il est important de noter que chaque dyade mère-bébé est unique. En cas de doute, il est donc recommandé de consulter une consultante en lactation IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) ou une sage-femme avec un DIULHAM (Diplôme Inter-Universitaire en Lactation Humaine et Allaitement Maternel) pour obtenir des conseils personnalisés.

Qu'est ce qui peut freiner une lactation préalablement bien établie ?

Il est parfois important de revoir ses habitudes car certaines sont susceptibles de restreindre votre production de lait, comme, par exemple, le tabagisme : on estime que la lactation peut diminuer quand une mère fume plus de 10 cigarettes par jour.

La prise de certains médicaments tels que des oestroprogestatifs, atropine, diurétiques… peuvent également influencer la sécrétion lactée.

Parallèlement à cela, des maladresses dans le quotidien avec le bébé, telles que l’absence de tétées de nuit, l’usage répété de la sucette, ou encore, le fait de ne donner qu’un sein par tétée, peuvent affecter votre production.

Enfin, une pathologie telle qu’une hypothyroïdie peut affecter la lactation. Pour savoir si vous êtes en hypothyroïdie, demandez conseil à votre médecin.

Comment y remédier ?

Il est possible que vos inquiétudes soient infondées et que votre production de lait soit normale. En effet, on ne s’attend pas toujours à ce qu’un bébé tète autant ou bien qu’il pleure beaucoup en journée. Le besoin d’être porté d’un nourrisson peut parfois nous sembler excessif. La société nous abreuve d’images montrant un bébé qui dort paisiblement dans son berceau une fois nourri et que sa couche est propre. et quand il pleure, on cherche des explications logiques : peut-être qu’il manque de lait, qu'il a des gaz, des coliques ?

Avant de vous précipiter sur un lait infantile, considéré comme une bouée de sauvetage, peut-être pourriez-vous faire évaluer votre lactation par une personne qualifiée : consultante en lactation IBCLC ou sage-femme possédant un DIULHAM ?

 Lire aussi notre article : Comment stimuler la lactation grâce à 7 clés ?

Qu’est-ce qu’un galactagogue ?

Le mot "galactagogue" vient du grec "galacta" qui signifie lait. Les galactagogues oraux sont des substances qui stimulent la production de lait. Ils peuvent être pharmacologiques ou non pharmacologiques (naturels). Les galactagogues naturels sont généralement des plantes ou des aliments. Le choix entre les galactagogues pharmacologiques et naturels est souvent influencé par les coutumes locales.

Il existe peu de preuves médicales que les galactagogues, à l'exception d'un petit nombre d’entre eux, soient réellement efficaces pour augmenter la production de lait d'une mère. Notez qu'un galactagogue ne permet pas de produire du lait si vous n'allaitez pas déjà ou ne tirez pas votre lait régulièrement.

Tout au plus, il pourra favoriser la production et de nombreuses femmes affirment que certains aliments les aident à produire du lait. Il est important de disposer de données probantes sur les avantages et les inconvénients éventuels de chacun d’entre eux pour pouvoir prendre une décision éclairée sur leur utilisation.

Lire aussi : Quels sont les aliments favorisant la lactation ?

Quand l'utilisation d'un galactagogue est-elle pertinente ?

Il est essentiel de noter qu'une mère allaitante qui se nourrit suffisamment et correctement n'a généralement pas besoin de galactagogues pour augmenter ou maintenir sa production de lait. Néanmoins, certaines circonstances peuvent amener des mamans à y avoir recours.

Les mères qui travaillent peuvent ressentir une baisse de leur production lactée, due à des tirages parfois insuffisants. Ainsi, dans les cas de production de lait réellement faible, l'utilisation de galactagogues en complément d'une augmentation de la fréquence des tétées et des tirages peut se révéler bénéfique.

De même, les mères adoptives peuvent choisir d'utiliser des galactagogues pour augmenter la quantité de lait qu'elles peuvent donner à leur bébé. On parle alors de lactation induite. Mais, sans les hormones sécrétées lors de la grossesse, ces mères ne peuvent produire autant de lait que les mères qui ont porté un enfant. Elles cherchent alors à reproduire l'interaction biochimique nécessaire pour induire une lactation à l’aide de galactagogues, en plus d’une indispensable stimulation mécanique avec un tire-lait.

 

Quelles considérations prendre en compte avant d'utiliser un galactagogue

Si les méthodes conventionnelles ne donnent pas les résultats escomptés, et que l'utilisation d'un galactagogue semble nécessaire, voici quelques points à garder à l'esprit :

● Un galactagogue est plus efficace lorsqu'il est combiné avec une augmentation de la fréquence des tétées et un drainage efficace des seins.

● Certains galactagogues sont plus adaptés à certaines situations que d'autres. Il est recommandé de consulter un spécialiste bien formé sur leur utilisation.

● Tous les galactagogues, qu'ils soient à base de plantes ou sous forme de médicaments sur ordonnance, peuvent avoir des effets secondaires et des interactions médicamenteuses potentielles. Il est préférable de consulter un professionnel de la santé et/ou un herboriste compétent pour déterminer si un galactagogue spécifique est sans danger pour vous.

 

Conclusion

La crainte de manquer de lait est partagée par de nombreuses mères et nombre d’entre elles ignorent quelles sont les causes d'une production de lait insuffisante. En adoptant des pratiques et habitudes appropriées,l a plupart des mères parviennent à allaiter exclusivement leur bébé aussi longtemps qu’elles le souhaitent et même à poursuivre l’allaitement une fois qu’elles ont diversifié leur bébé. L'utilisation de galactagogues, bien que parfois nécessaire, doit être entreprise avec discernement et sous la supervision d'un spécialiste en allaitement. Chaque mère et chaque bébé sont uniques, et il est essentiel de trouver la méthode qui convient le mieux à chacun. Avec le bon soutien et les bonnes informations, il est possible de surmonter les obstacles et de relancer une sécrétion lactée affaiblie.

Que retenir ?

Pour les bébés nés prématurément, ou faiblement efficaces, tirer le lait en plus des tétées pendant les premières semaines pour stimuler la lactation.

Éviter certaines habitudes qui peuvent entraver la production de lait.
● un espacement des tétées, ou le fait de ne donner qu’un sein par tétée
● usage répété de la sucette
● recours à certains médicaments contre les allergies
● Fumer plus de 10 cigarettes par jour
● Augmenter la fréquence et l’efficacité des tétées et si besoin, avoir recours à un galactogogue

Références

1. WHO Multicentre Growth Reference Study Group. Breastfeeding in the WHO Multicentre Growth Reference Study. Acta Paediatr Suppl. 2006 Apr;450:16-26. doi: 10.1111/j.1651-2227.2006.tb02372.x. PMID: 16817675.

2. Foong SC, Tan ML, Foong WC, Marasco LA, Ho JJ, Ong JH. Oral galactagogues (natural therapies or drugs) for increasing breast milk production in mothers of non-hospitalised term infants. Cochrane Database Syst Rev. 2020 May 18;5(5):CD011505. doi: 10.1002/14651858.CD011505.pub2. PMID: 32421208; PMCID: PMC7388198.

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